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13 mars 2006 1 13 /03 /mars /2006 13:15

 

 

 

 

    Louise Regrenil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

               

   

         

       Louise Regrenil – 1764 – 24 novembre 1846

 

                                                    «  La Hussarde »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                       

                                               Née de parents aisés, au village de la Tanchère, paroisse de Sainte Florence, en 1764, à une lieue du Château du Parc Soubise, Mademoiselle Regrennil, grande, forte, douée d’une âme et d’un corps de fer, se leva une des premières contre la tyrannie républicaine.

                                               Son père, maître Jacques Regrenil, était né à la Lombardière de la même paroisse. Gérant les biens de plusieurs familles nobles des environs, il était leur commensal et comme tel participait aux grandes chasses organisées dans les alentours, avec ses voisins et amis, les Boisson de la Noue, de Vendrennes, de la Douespe du Fougerais, Brethé de la Guibretière, les Sarodes du Beignon, les Gourraudd de la Génaubretière.

                                               Maître Jacques Regrenil avait épousé demoiselle Jeanne Parpaillon, fille du marchand-meunier de la Mongie. Il mourut avant la Révolution, puisqu’au mariage de sa fille Jeanne, née en 1761, et mariée le 18 Janvier 1780 avec Maître Jacques Faucheron, notaire de la Baronnie de la Grève, en Saint Martin des Noyers, il est dit décédé.

                                               De ce mariage étaient nés plusieurs enfants :

  • -D’abord François Regrenil, né en 1735, qui fût maire de Sainte florence en 1792 et après la révolution. En Mars 1793, entraîné par sa sœur «  La Hussarde », il part combattre avec l’Armée du Centre, sous les ordres de Royrand, mais après quelques mois de combats, et les premiers revers, il revint prudemment à la Tanchère, cherchant à se faire oublier. Maire de Sainte Florence pendant de longues années, il mourût à la Tanchère, le 12 Avril 1839, âgé de 86 ans. Ce fût lui qui reçut Napoléon aux Quatre-Chemins, nous y reviendrons.
  • -Le deuxième enfant Regrenil-Parpaillon, naquit le 8 Décembre 1755. Ce fût une fille, Marie-Louise qui jeune entra comme religieuse chez les Ursulines de Luçon.
  • -Le troisième enfant fût Jean-François, né en 1759 et marié à Sainte-florence le 15 juillet 1788 avec la fille d’un riche négociant, maître René Gauducheau. Ce fut probablement lui, qui fut massacré à la Tanchère au début de la Révolution, et la tradition dit que la « Hussarde » partit à l’armée pour venger son frère.
  • -Puis vint Jeanne, qui épousa le 18 janvier 1780, Maître Jacques Faucheron, notaire de la Baronnie de la grève. Sa descendance existe encore.
  • -Et un aure, Jacques Regrenil, mort célibataire en 1837.
  • -Mais entre Jeanne et Jacques Regrenil naissait à la Tanchère, en 1764, celle qui fait l’objet de cet article : Louise Regrenil, qui à l’exemple de sa sœur Marie-Louise, entra comme novice chez les Ursulines de Luçon au commencement de la Révolution qui l’en chassa.

                                   Elle revint alors à la Tanchère, où l’attendait sa vieille mère, et où vivait le ménage de son frère, le maire de Sainte Florence. Très vigoureuse, elle aidait les domestiques aux travaux des champs, tandis que sa sœur Marie-louise aidait à la maison. Puis un jour, sachant que les deux sœurs Regrenil, anciennes religieuses, vivaient à la Tanchère en toute sécurité et qu’elles n’avaient pas prêté serment de fidélité à la Constitution, les autorités municipales du canton de Mouchamps dont dépendait Sainte-Florence, envoyèrent des soldats à la Tanchère pour arrêter ces deux religieuses insermentées

                                    Prévenues à temps, elles se cachèrent dans un réduit qui se trouvait sous l’escalier de bois donnant accès à l’étage. Leur frère, Jean-François, accueille les soldats, nie la présence de ses deux sœurs à la Tanchère, et dans la discussion, les soldats furieux le massacrent.

                                    Cela se passait en Mars 1793, au début de l’insurrection. Un soir du 14 Mars 1793, plus de 2000 jeunes conscrits, refusant de répondre au décret de conscription de la Convention, se pressent au hameau de l’Oie, commune de Sainte-Florence. Ils campent aux Châteaux de l’Herbergement-Ydreau,  du Fougerais et dans les fermes environnantes, car il est impossible de camper en pleine nature, tant les giboulées se sont succédées toute la journée, amenées par un vent violent, le tonnerre s’en mêlant. Le tocsin sonne dans le bocage, la grande croisade des révoltés, à qui on veut arracher leur Liberté Religieuse, commence.

                                    Louise Regrenil , désespérée et révoltée par la mort de son jeune frère, qu’elle aimait beaucoup, jure de le venger, et entraînant avec elle son autre frère, se présente au quartier-général de la toute jeune Armée du Centre. On raconte qu’elle arrive à l’Herbergement-Ydreau, habillée en homme, ayant emprunté une culotte à l’un de ses valets et une veste à un autre. Et le lendemain, sur le grand chemin de Chantonnay, elle débute par un trait d’audace, attaque un officier hussard, le tue, s’empare de son cheval, de ses armes et ramène son corps en travers de la selle.  Et durant le combat, monté sur son cheval, harnaché d’un fusil, d’un sabre et de deux pistolets ce jeune se distingue et ses camarades s’apercevant que c’était une fille, une jolie brune, reconnurent la nonne chassée de son couvent. A partir de ce jour on l’appela «  La Hussarde ».

                                    On ignore la plupart des faits d’armes de Mademoiselle Regrenil, mais après les désastres de l’automne 1793, avec l’Armée du Centre, elle partit vers le nord, passa la Sèvre à Mallièvre, prît part à la bataille de Cholet et passa la Loire avec Royrand et son armée. Elle se distingua à la bataille de Dol en ramenant au combat une petite troupe de Vendéen qui fuyaient après avoir été attaquée, et qui à son tour, mît l’ennemi en fuite. Elle se couvrît de gloire au Mans et à Savenay réussissant, en échappant au désastre, à repasser la Loire et à rentrer en Vendée avec quelques officiers vendéens ; elle ne déposera les armes qu’à la suite de la dernière pacification.

                                    Au début de janvier 1794, elle était de retour à la Tanchère, travaillant aux champs le jour, et la nuit, chevauchant le long du grand chemin des Quatre-Chemins à Saint-Vincent, à la recherche de soldats isolés à qui elle faisait payer cher le massacre de son jeune frère, utilisant aussi très souvent sa cachette de dessous l’escalier de la Tanchère. Le Comte de Chabot, dans son ouvrage     ″ Vendéennes et Chouannes ″, raconte que : « Très attachée à ma famille, chaque fois que Mademoiselle Regrenil entendait passer la troupe sur la grande route qui conduit des Quatre-Chemins à Chantonnay, que ce fût le jour ou la nuit, elle sautait à cheval et venait avertir mes parents ». Pendant la terreur et jusqu’à la rentrée des émigrés, elle courait avertir le vieux régisseur, M. Barbot, resté au Château. On raconte aussi qu’après les guerres de Vendée, des troupiers étant de passage au hameau de l’Oie, deux d’entre eux vinrent leur billet à la main, pour prendre logement à la Tanchère. Et là, l’un d’eux reconnaissant les lieux s’écria : «  Tiens, je connais cette maison ; en 1793, j’y ai tué le paysan qui me menaçait ! » -- «  Ah ! Coquin, s’exclame Mademoiselle Regrenil, c’est toi qui a tué mon frère ! » Et saisissant une broche à rôtir, elle donna la chasse aux deux vieux soldats, qui s’enfuirent sans pouvoir emporter leurs fusils qu’ils avaient déposés à l’entrée.

 

            En 1808, lors du passage de Napoléon et de l’Impératrice Joséphine revenant d’Espagne, ce dernier voulut voir la Vendée : on sait l’admiration qu’il avait pour ce pays. Ils s’arrêtèrent donc aux Quatre-Chemins et voulût qu’on lui présenta les notabilités des environs. Après avoir embrassé et félicité l’héroïne de son courage, avisant le maire de Sainte-Florence, ceint de son écharpe, son frère, Napoléon lui dit :

      «  Que faisiez-vous pendant que votre sœur se battait si bien ? »

     -- «  Sire, j’étais neutre » répondit-il. --

     -- «  Neutre ! – s’écria l’Empereur – Alors, Monsieur, vous n’étiez qu’un Jean-Foutre et un   lâche ! »

                                                En 1832, Louis-Philippe ordonna la confiscation des armes des Vendéens, et, malgré les injonctions de son frère, Louise Regrenil refusa de livrer son fusil, le fusil d’honneur qu’elle avait reçu du Roi, en 1820. Lors des visites incessantes, ordonnées par ″ Le Roi des Français ″, Mademoiselle Regrenil ne manquait pas de venir avertir le Comte de Chabot dès qu’elle entendait passer des soldats sur la grande route.

                                                C’est à cette époque, qu’un capitaine commandant le poste des Quatre-Chemins entouré de deux soldats, se présente à la Tanchère pour prendre son fusil. Pâle de rage et furieuse de se voir injustement dépouillée d’une arme qu’elle avait si bien gagnée, elle le décrocha et frappant violemment l’arme sur la pierre du foyer, la brisa, et en jeta les morceaux aux pieds de l’officier en jurant «  que si elle n’était pas si vielle, elle le lui aurait présenté par le petit bout. »

                                                La  ″ Hussarde ″ mourut à la Tanchère le 24 novembre 1846, âgée de 82 ans. Elle repose, ignorée de tous, dans le nouveau cimetière de Sainte-Florence

 

                                                                                  Jacques Rouillon

 

 

            Bibliographie :            - Comte de Chabot.  ″ Vendéennes et Chouannes ″

                                                - M. Jean Lagneau   (Souvenir Vendéen).

                                                - Archives familiales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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